La prise d'otages est-elle légitime ?

Publié le par Emmanuel Bozzi

L'actualité de cette fin juillet 2007 a mis à jour un phénomène récurrent chez les islamistes : la prise d'otages et l'exécution de certains d'entre eux pour obtenir des compensations. Cette fois, ce sont des chrétiens nord-coréens en voyage humanitaire en Afghanistan qui en ont fait les frais. A l'heure où j'écris, deux hommes ont été exécutés par les Taliban tandis que le gouvernement afghan ne cède pas un pouce à leurs revendications.

Le contraste est frappant : des protestants nord-coréens viennent apporter une aide humanitaire à la population afghane au nom de leur Sauveur Jésus-Christ, et les Taliban les remercient en les kidnappant et en assassinant deux hommes.

Qui étaient ces coréens ?

Ces coréens n'étaient pas des soldats (la plupart sont des femmes). Ils sont venus motivés par l'amour de Dieu et ont risqué leur vie pour aider une population qui vit dans des conditions très difficiles.
Une polémique enfle les accusant d'être insensés en venant évangéliser chez les Taliban ! S'il est vrai qu'ils ont pris un risque (contre les avertissements de leur gouvernement), ils n'étaient pas un groupe d'évangélistes, mais d'aides humanitaires. Voici ce qu'on déclaré les autorités de l'Eglise Saemmul d'où venait ce groupe :
"Ils venaient là-bas pour aider les docteurs dans les hôpitaux et les enseignants dans les écoles. Ils ne peuvent pas évangéliser parce qu'ils ne parlent pas le Dari". Le pastor Park continue en disant que "l'Afghanistan est l'un des pays les plus pauvres du monde en ce moment et nous voulions les aider à construire des hôpitaux, des écoles et des ponts." (source
FinancialTimes.com).

Un crime de guerre.
Les Taliban défendent leur geste en disant que la prise d'otage est un moyen de combattre les ennemis de l'Islam.
Le gouvernement afghan (aussi afghan que les Taliban) dénonce cette prise d'otage comme un crime de guerre.
Idem. pour Irene Khan, secrétaire général d'Amnesty, qui a indiqué : "Prendre des otages est un manquement flagrant au droit humanitaire international. Il n'y a aucune exception à cette règle ni aucune justification pour l'enfreindre". "La prise d'otages et l'exécution d'otages sont des crimes de guerre et leurs auteurs doivent être traduits devant la justice", a-t-elle ajouté. "Aucune rancune, idéologie politique ou conviction religieuse ne justifie ou n'excuse que de telles violations soient perpétrées. Tous les otages doivent être libérés immédiatement, sans condition et sans davantage de souffrances", a souligné Irene Khan.

Qu'en dit la tradition musulmane ?

Il est vrai que le Coran et la Sunna autorisent la prise d'otages. La loi sur le sort des prisonniers de guerre est couramment débattue dans la communauté musulmane, mais la plupart des commentateurs sont d'accord.
Un article paru dans la Revue Militaire Canadienne détaille bien la question pour ceux qui veulent savoir.


Plusieurs versets du Coran traitent de la question des prisonniers de guerre.

Le plus conciliant est dans la Sourate 47, versets 4-5

« Quand vous rencontrerez les infidèles, tuez-les jusqu’à en faire un grand carnage, et serrez les entraves des captifs que vous aurez faits. Ensuite, vous les mettrez en liberté, ou les rendrez moyennant une rançon, lorsque la guerre aura cessé. »

S'il y a des captifs, lit-on, il faut soit les remettre en liberté soit les libérer au prix d'une rançon. Mais il n'est pas question d'exécuter qui que ce soit. De toutes façons, ces versets sont abrogés par des versets postérieurs. Oui, c'est une règle de l'interprétation du Coran que certains versets en abrogent d'autres quand ils se contredisent.

Un autre passage concernant les prisonniers est celui-ci : Sourate 9, verset 5

« Les mois sacrés expirés, tuez les idolâtres partout où vous les trouverez, faites-les prisonniers, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade; mais s’ils se convertissent, s’ils observent la prière, s’ils font l’aumône, alors laissez-les tranquilles, car Dieu est indulgent et miséricordieux. »

L'exécution de tout idolâtre, qu'ils soit soldat ou civil, est encouragée ici. Le seul salut qu'il leur reste est de se convertir à l'Islam, faute de quoi l'exécution est ici encouragée et autorisée par le Coran. Mohammed lui-même a exécuté des prisonniers lors de ses combats.

Le grand commentateur du Coran et de la Sunna,
l'imam Tabari (9e s. après J.C.) explique ainsi ces sourates :

" L'interprétation correcte de ce verset implique que le choix a été donné au Prophète : de se montrer généreux, de rançonner ou de tuer les prisonniers. Ceci s'applique aussi aux chefs des musulmans après le Prophète. L'exécution (des prisonniers) n'a pas été mentionnée dans ce verset car elle l'avait été dans d'autres "Tuez-les où que vous les trouviez". Cette position est telle parce que le Prophète tuait les prisonniers, les rançonnait, et se montrait généreux avec d'autres. Par exemple, le jour de la bataille de Badr, il (le Prophète) ordonna de tuer 'Uqba Ibn Abi Muit qui avait été capturé au préalable. Le Prophète ordonna aussi de tuer les juifs des Banu Qurayzah bien qu'ils étaient sous la protection de Sa'd qui était susceptible de les relâcher et/ou de les rançonner."

Les imams et sheiks modernes sont du même avis. Voici par ex. le commentaire du
Sheikh Faysal Mawlawî (Vice-Président du Conseil Européen de la Recherche et de l’Emission de Fatwâ) : 
"Concernant les prisonniers de guerre, le Dirigeant de la Communauté (Imâm) a le choix entre quatre solutions. Deux de ces solutions ont été mentionnées dans le Noble Coran : il s’agit de la libération gratuite et de la libération moyennant une rançon. Les juristes ont ajouté à ces deux solutions, mentionnées dans le Noble Coran, deux autres solutions, et ce, conformément à ce que fit le Messager de Dieu, paix et bénédiction sur lui : il s’agit dans ce cas de l’exécution et de l’asservissement. Ces deux solutions sont considérées comme faisant partie de la politique légale et le Dirigeant de la Communauté peut y recourir s’il existe des motifs qui le justifient."
Qu'en dit le Nouveau Testament ?

Jésus de Nazareth n'a jamais utilisé la violence ou les armes. Ils n'a jamais été un chef de guerre. Il a toujours répondu à la violence par le silence ou par l'amour.

“Remets ton épée à sa place; car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée.” (Matthieu 26:52)

“Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre.” (Matthieu 5:39)

“Jésus dit: Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font.” (Luc 23:34)

“Lui [Jésus] qui n’a point commis de péché, et dans la bouche duquel il ne s’est point trouvé de fraude; lui qui, injurié, ne rendait point d’injures, maltraité, ne faisait point de menaces, mais s’en remettait à celui qui juge justement.” (1 Pierre 2:22-23)

Le NT condamne même les preneurs d'otages : 
“...ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, n’hériteront le royaume de Dieu.” (1 Corinthiens 6:10).

Il est vrai que l'église de Rome n'a pas suivi les ordres de Jésus-Christ, et s'est mise à imposer ses croyances au monde par la force et par l'épée. L'inquisition et les croisades ont été faites contre les paroles de Jésus lui-même.

Les protestants coréens sont allés en Afghanistan animés de cet amour de Jésus. Ils savaient qu'ils prenaient des risques et ils doivent considérer leur situation comme celle de martyrs pour le nom de Jésus et refuser tout acte de violence en réponse aux actions des Taliban.

Quant aux Taliban qui prétendent défendre l'Islam, ils utilisent des moyens lâches pour obtenir de l'argent ou la libération de leurs prisonniers. La prise d'otages civils est l'acte le plus lâche qui soit. Mais ils révèlent aussi leur haine des chrétiens (ils ont tué le pasteur en premier) alimentée par l'endoctrinement et l'ignorance de l'Evangile de Jésus-Christ.

Publié dans regardbiblique

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