Pédophilie et le clergé français

Publié le par Emmanuel Bozzi

Le Père Bernard Preynat en août 2015
Le Père Bernard Preynat en août 2015

Les affaire de pédophilie continuent d’éclabousser le clergé de l’église de Rome dans le monde entier. Les enfants catholiques qui en ont été victimes finissent par parler et raconter les traumatismes qui ont imprégné leur vie à cause de prêtres indélicats que leur hiérarchie a rarement écartés de leur ministère.

En 2010, nous avions parlé des 450 plaintes impliquant au moins 150 prêtres irlandais (voir dossier de l’hedomadaire La Vie http://www.lavie.fr/dossiers/pedophilie-irlande/).

Aux USA, entre 2003 et 2009, le scandale de pédophilie amena neuf accords entre 1551 victimes dans 375 cas pour un montant de plus d’un milliard de dollars.

La parole de victimes françaises commence à se libérer, pourtant beaucoup de catholiques (dont j’étais) ont connu de près ou de loin des prêtres aux mains baladeuses en charge d’enfants dans le catéchisme ou les scouts. La grande Omerta serait-elle en train d’éclater ?

Le célibat des prêtres, que dit la Bible ?

L’Encyclopédie Catholique (Newadvent.org) reconnaît que l’exigence de célibat dans le clergé catholique ne vient pas directement du Nouveau Testament. Dans sa Première Lettre à Timothée (chap. 3), l’apôtre Paul écrit sous l’inspiration du Saint-Esprit que les évêques et les diacres doivent être maris d’une seule femme, une expression destinée à écarter du service de l’Eglise les polygames et les remariés.

Aux Corinthiens, il justifie le fait que la plupart des apôtres étaient mariés :

“N’avons-nous pas le droit de mener avec nous une soeur qui soit notre femme, comme font les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ?” (1 Corinthiens 9/5). Céphas était l'apôtre Pierre en personne (Voir Jean 1/42).

A Timothée encore, Paul dénonce les faux religieux qui veulent interdire de se marier (1Tim. 4/1-4).

Mais qu’a dit le Seigneur Jésus lui-même ? Il parle en effet de trois catégories d’abstinents sexuels en utilisant le terme « eunuque » : « Ses disciples lui dirent : Si telle est la condition de l'homme à l'égard de la femme, il n'est pas avantageux de se marier. Il leur répondit : Tous ne comprennent pas cette parole, mais seulement ceux à qui cela est donné. Car il y a des eunuques qui le sont dès le ventre de leur mère ; il y en a qui le sont devenus par les hommes ; et il y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne. » (Matthieu 19/10-12). Il y a donc des personnes sans libido depuis leur naissance, d’autres qui ont été castrés (il existait encore des harems et des eunuques à son époque) et d’autres encore qui choisissent de rester célibataires pour servir Dieu (Jean le Baptiste, ou Jésus lui-même). Mis à part dans le cas des eunuques castrés de force, le célibat est donc un choix, soit qu’on ne ressente pas le besoin de se marier, soit qu’on se mette à part pour le service envers Dieu.

Dans la même veine, l’apôtre Paul écrit aux Corinthiens :

« Je voudrais que tous les hommes fussent comme moi [célibataires]; mais chacun tient de Dieu un don particulier, l'un d'une manière, l'autre d'une autre. » (1Cor. 7/7).

Donc, tout le monde n’a pas le même appel, tout le monde n’est pas capable de rester chaste dans le célibat. C’est pourquoi dans ce même passage, l’apôtre précise bien que

« Pour éviter la débauche, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari. » (1Cor. 7/2).

S’il recommande le célibat aux Corinthiens, c’est pour une raison particulière :

« Voici donc ce que j'estime bon, à cause des temps difficiles qui s'approchent : il est bon à un homme d'être ainsi. Es-tu lié à une femme, ne cherche pas à rompre ce lien ; n'es-tu pas lié à une femme, ne cherche pas une femme. Si tu t'es marié, tu n'as point péché ; et si la vierge s'est mariée, elle n'a point péché ; mais ces personnes auront des tribulations dans la chair, et je voudrais vous les épargner. » (1Cor. 7/26-28)

Prêtres ou anciens ?

Les textes grecs anciens désignent les responsables d’église par deux mots principaux :

  • Les « presbuteroi », littéralement « anciens » ;
  • Les « episcopoi », littéralement « surveillants ».

Les juifs utilisaient le nom « ancien » pour désigner les responsables de synagogue, c’est donc ce nom qui prévalait dans les églises à majorité juive. Mais avec la conversion de milliers de grecs et romains, le nom de surveillant a été utilisé également.

C’est l’église romaine qui a changé indument le sens de ces mots en « prêtres » et « évêques ». En effet, le prêtre juif est appelé en langue grecque « hiereus ». Le mot « presbuteros » a été artificiellement traduit par « prêtre » alors que le mot « presbus » signifie « vieil homme ».

Dans le N.T., l’apôtre Pierre souligne que ce sont tous les croyants en Jésus qui forment le nouveau sacerdoce, Jésus étant le souverain sacrificateur pour toujours :

« Vous, au contraire, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière, vous qui autrefois n'étiez pas un peuple, et qui maintenant êtes le peuple de Dieu, vous qui n'aviez pas obtenu miséricorde, et qui maintenant avez obtenu miséricorde. » (1Pierre 2:9-10)

Jean le confirme, dans le dernier livre du N.T. :

« De la part de Jésus Christ, le témoin fidèle, le premier-né des morts, et le prince des rois de la terre! A celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, et qui a fait de nous un royaume, des prêtres pour Dieu son Père… » (Apocalypse 1:5-6)

Le N.T. affirme que le sacerdoce ancien est achevé, accompli en Jésus Christ, le souverain sacrificateur pour toujours :

« De plus, il y a eu des sacrificateurs en grand nombre, parce que la mort les empêchait d'être permanents. Mais lui [Jésus], parce qu'il demeure éternellement, possède un sacerdoce qui n'est pas transmissible. » (Hébreux 7:23-24).

De toute façon, les sacrificateurs, les lévites et même ceux qui faisaient vœu de Naziréat dans l’Ancienne Alliance étaient couramment mariés (voir Lévitique 21/1-15).

Dans l’Eglise de Jésus Christ, il n’y a pas d’autel, car il n’y a plus de sacrifices, mais une table (1Corinthiens 10/21). Il n’y a pas de prêtres, mais des apôtres, des prophètes (Paul aux Ephésiens 4/11-12), puis des évangélistes, des pasteurs (appelés aussi surveillants ou évêques) aidés de diacres (voir Philippiens 1/1 par ex.).

Le célibat des prêtres, quand est-il apparu ?

Les trois premiers siècles de l’Eglise se résument par des vagues successives de persécutions par les empereurs romains successifs. Dans ces conditions, le célibat était préférable car la vie d’un apôtre, d’un évangéliste ou d’un pasteur était courte et constamment menacée.

A partir du 4e siècle et l’empereur Constantin, le christianisme est totalement accepté dans l’Empire. Mais des groupes gnostiques très portés sur l’ascèse ont influencé les églises. Pour eux, tout ce qui est « matière » est mauvais, et la sexualité commence à être vue comme impure, même dans le mariage.

Les premiers ermites et moines font leur apparition, en Egypte avec Antoine le Grande (250-356) et Basile de Césarée (329-379) et ses premières règles monachiques ; puis en occident avec Benoît de Nursie (480-543).

Selon l’historien de l’Eglise Philip Schaaf, dans son ouvrage de référence « History of the Christian Church » (7 volumes) :

  • Les constitutions apostoliques (recueil de doctrines, de liturgie et de disciple ecclésiastique, fin 4e s) sont très tolérantes à ce sujet : “Nous avons déjà dit qu’un évêque, un ancien et un diacre, quand ils sont ordonnés, doivent avoir été mariés une fois, que leur épouse soit vivante ou morte ; et qu’il ne leur est pas interdit, s’ils ne sont pas mariés au moment de l’ordination, de l’être après… » (Traduction du grec, Livre 6 chap. 17).
  • Le synode de Nouvelle Césarée (vers 314) permet aux anciens et aux diacres d’être mariés, mais pas après leur ordination.
  • Au Concile général de Nicée (325), il fut proposé d’interdire totalement le mariage des prêtres. Mais la motion fut refusée. Un évêque égyptien, Paphnutius, remarqua à cette occasion qu’une telle rigueur imposée aux anciens nuirait à l’Eglise et encouragerait la licence, et que le mariage et la relation conjugale étaient tout à fait honorables et purs.
  • La première interdiction du mariage dans le clergé apparaît en 385 dans une lettre décrétale de l’évêque Siricius à l’évêque Humerius (in Harduin, Actes Conciliaires 1 §849-850). Ensuite, Léon 1er (pape de 448 à 461), puis les évêques et théologiens Ambrose, Jérôme, Augustin militèrent aussi en faveur du célibat du clergé.
  • Le synode de Clermont (535) déclare dans son 12e canon : « Personne parmi les diacres ou les prêtres ne peut continuer à entretenir une relation maritale. Il doit devenir le frère de celle qui était sa femme. Mais puisque certains, enflammés par la convoitise, ont rejeté la ceinture de guerre de Christ et sont retournés dans une relation physique avec leur femme, nous ordonnons qu’ils perdent leur office pour toujours.

Philip Schaff précise que cette exigence fut très souvent violée, soit que les prêtres vivent avec leur femme et aient des enfants, soit qu’ils vivent avec une concubine. Plusieurs conciles et synodes (Concile de Tours en 461 et 567, d’Agde en 506, Concile de Tolède en 527, Concile d’Orléans en 538), tentèrent de réguler ou d’interdire ces pratiques.

L’Encyclopédie Catholique ajoute « qu’avec les papes Saint Léon IX, Saint Grégoire VII et leurs successeurs, une succession déterminée de positions a été prise contre l’étendue de la corruption dans le clergé. Dans certains districts, on permit au clergé rural de garder avec lui l’épouse avec qui il était précédemment marié. »

Il est de notoriété publique que le Concile de Constance (1414-1418, Allemagne) qui élit un nouveau pape et condamna Jan Hus à mort, apporta à la ville au bord du Rhin 18.000 hommes d’églises et 1.500 prostituées pour les occuper ! (http://www.christianity.com/church/church-history/timeline/1201-1500/notorious-council-of-constance-11629876.html)

Le prêtre allemand Martin Luther, avant d’être excommunié de l’Eglise de Rome, rapporte au sujet de son pèlerinage à Rome le scandale du clergé romain qui fréquente régulièrement les maisons closes.

Les scandales continuent, en grande partie à cause du célibat imposé au clergé.

Nous avons vu que le Seigneur Jésus et le reste des Ecritures n’imposent pas une telle restriction (et condamne même ceux qui veulent l’interdire).

Comme les papes et leurs appuis ont réussi à faire croire qu’ils forment la seule véritable église, beaucoup se détournent de la foi à cause de leurs déviations et de leur mauvais témoignage.

Non, l’église catholique romaine n’est pas l’église de Jésus Christ, car elle ne respecte pas ses paroles et révèle, par son histoire et ses enseignements, qu’elle a usurpé son nom d’église.

Rappelons pour finir ces paroles du Seigneur Jésus Christ :

“Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu au profit de votre tradition?” (Matthieu 15:3)

“Vous abandonnez le commandement de Dieu, et vous observez la tradition des hommes.” (Marc 7:8)

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P
Très bon article !
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