Islam et autocritique

Publié le par Emmanuel Bozzi

Dans la série « différences entre la pratique islamique et le christianisme », après avoir vu la place donné aux femmes, voyons aujourd’hui la notion de « remise en question ».

Il y a un mal profond, une perversion qui menace tous les pratiquants de religions : l’hypocrisie, c’est-à-dire le fait de donner des leçons de morale à tout le monde tout en se permettant de grands écarts soi-même. Cette hypocrisie est ce qui repousse les plus sincères chercheurs de vérité loin des religions, et on les comprend.

Jésus le Messie, dans les Evangiles, a pris beaucoup de temps pour dénoncer ces hypocrisies qui existaient dans le judaïsme du premier siècle. Il a même prononcé un discours indigné et ponctué de « malheur à vous hypocrites ! » (Evangile selon Matthieu chap. 23)

Jésus a dénoncé aussi « les traditions qui annulent la Parole de Dieu » (Matthieu 15 :6), c’est-à-dire les ajouts des chefs religieux qui viennent contredire la révélation primordiale de Dieu.

Jésus a également lancé un avertissement solennel à ceux qui l’appelaient « Seigneur, Seigneur », pour dire que tous n’entreraient pas dans le royaume de Dieu, mais « seulement ceux qui font la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Matthieu 7 :20-23).

Paul, un rabbin pharisien devenu chrétien et messager de Jésus le Messie, écrit la même chose en d’autres mots : « O homme, qui que tu sois, toi qui juges, tu es donc inexcusable; car, en jugeant les autres, tu te condamnes toi-même, puisque toi qui juges, tu fais les mêmes choses. » (Romains 2 :1)

Le chrétien qui médite le Nouveau Testament et qui lit la Bible avec un cœur sincère sera forcément remis en question dans ses attitudes, ses préjugés, ses paroles et ses actes. Jean le Baptiseur comme Jésus ou ses apôtres après lui ont prêché « la repentance ». Dans le grec, ce mot signifie un « changement de pensée, de conception ». Se repentir, c’est changer de pensée sur soi-même et sur Dieu, c’est reconnaître que l’on s’est égaré dans l’orgueil, l’égoïsme, le mal, et que notre rébellion contre le Dieu qui nous aime était une grave erreur.

Après cet acte de repentance et de foi en Jésus Christ, le nouveau croyant possède désormais une nouvelle vie, la vie de Dieu en lui. Cette vie l’appelle à être plus humble, plus aimant, plus doux, plus tolérant, plus paisible… Cela s’appelle la sanctification, le fait d’être transformé chaque jour un peu plus à la ressemblance du caractère de Jésus Christ.

Dans la pratique globale de l’Islam chiite et sunnite, la remise en question n’est pas à l’ordre du jour. Le musulman est instruit dans l’idée qu’il appartient à la plus grande religion, qu’il adore le seul vrai Dieu, Allah, et que les juifs, chrétiens et autres croyants sont des mécréants comparés à lui. Cette fierté mal placée décourage toute introspection, toute recherche d’une foi sincère. Le musulman est juste et pur simplement parce qu’il adhère aux préceptes de l’Islam et s’oppose aux infidèles. Peu importe que son cœur soit rempli de mensonge, de haine, d’intolérance, de désirs charnels et pervers, du moment qu’il suit les cinq piliers de près ou de loin, il est un bon musulman.

Qui n’a pas connu un musulman qui boit de l’alcool et fume des joints en cachette ? Qui n’a pas été choqué par ces mariages religieux temporaires qui permettent aux hommes d’avoir des relations sexuelles avec une femme de passage sans être coupable de fornication ? Qui n’a pas été dégoûté par la rhétorique des djihadistes qui se glorifient de massacrer des hommes, des femmes et des enfants civils au nom d’Allah en pensant accomplir la suprême bonne action ?

Les penseurs musulmans qui recherchent une réforme de l’Islam dénoncent ces hypocrisies :

Citation d’Abdennour Bidar, philosophe français et musulman soufi :

« J'analyse dans mes travaux ce que j'ai désigné à plusieurs reprises comme une dégénérescence multiforme de cette religion [l’Islam] : ritualisme, formalisme, dogmatisme, sexisme, antisémitisme, intolérance, inculture ou "sous-culture" religieuse sont des maux qui la gangrènent. Cette médiocrité profonde dans laquelle sombre l'islam s'observe certes à des degrés très divers selon les individus, de telle sorte qu'il se trouve toujours des musulmans moralement, socialement, spirituellement éclairés par leur foi, et de sorte aussi qu'on ne peut pas dire que "l'islam est par essence intolérant" ni que "les musulmans sont antisémites". Comme je l'ai souligné aussi à de très nombreuses reprises, la culture islamique est depuis plusieurs siècles enfermée dans ses certitudes, enfermée dans la conviction mortifère de sa "vérité". Elle est incapable d'autocritique. Elle considère de façon paranoïaque que toute remise en cause de ses dogmes est un sacrilège. Coran, Prophète, ramadan, halal, etc. : même chez des individus éduqués, cultivés, par ailleurs prêts au dialogue sur tout le reste, la moindre tentative de remise en cause sur ces totems de l'islam se heurte à une fin de non-recevoir. La plupart des consciences musulmanes se refusent et refusent encore à quiconque le droit de discuter ce qu'une tradition figée dans un sacré intouchable a institué depuis des millénaires : des rites, des principes, des moeurs qui pourtant ne correspondent plus du tout aux besoins spirituels du temps présent... »
(http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/03/23/un-monstre-issu-de-la-maladie-de-l-islam_1674747_3232.html#Ep5H3WhmuBlJLVsB.99)

L’orgueil de l’homme est à la racine de tous ses égarements. Chaque fois que je me prends pour Dieu, que je crois être juste par moi-même, avoir toute la connaissance ou toute la vérité, je suis au bord du gouffre de l’intolérance, de la violence et de l’égarement loin de Dieu. N’oublions pas que le premier péché dans l’univers, selon la Bible, fut celui d’un archange gardien de la gloire de Dieu qui s’est trouvé beau et a désiré être « semblable au Très-Haut » (Esaïe 14 :12-14).

L’humilité, au contraire, est le commencement de la sagesse, surtout quand on considère le Seigneur Jésus qui a dit lui-même : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de coeur; et vous trouverez du repos pour vos âmes. » (Matthieu 11 :28-29)

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